SIDI BEL ABBES ( 2 ème partie)
Du haut des monts du Tessala, et c’est sur un de ces points télescopiques d’où l’on aperçoit tant de pays et tant de choses, près de la fontaine de Bent-El-Soltan, où une étude a été faite spécialement à un de ces postes dont ont vient de parler.
D’aucuns ont prétendu que le Tessala n’avait pas été occupé par les Romains, mais bien par les Espagnols, et que les ruines proviendraient d’une citadelle édifiée par ce peuple au cours de sa domination sur la province. Cette opinion est basée sur quelques vestiges où la méthode espagnole de fortification parait s’affirmer. En vérité, l’ouvrage a pu être utilisé par les espagnols mais il ne saurait planer aucun doute sur l’origine romaine des forts du Tessala.
L’existence d’exploitations agricoles romaines dans les terres basses et notamment dans la vallée de l’Oued-Sarno, est assez vraisemblable, car les colons durent profiter de la protection que leur offrait le poste pour mettre en valeur une partie des terres fertiles de la région.
Ce qui semble corroborer cette hypothèse, c’est la découverte de voies souterraines permettant aux soldats de descendre facilement dans la plaine. Ces dispositions ne peuvent avoir été prises qu’en vue de mettre les colons de l’époque romaine à l’abri d’une attaque bèrbère. Les voies souterraines dont nous parlons peuvent être reconnaissables si nous essayons de les trouver. Comme elles furent creusées dans du gypse, on les avaiy rattachées, à un moment donné, à d’anciennes exploitations de plâtre.
Nous avons dit, en commençant, que l’occupation romaine n’avait pas laissé de trace à Sidi Bel Abbes. C’est à tord qu’une fontaine est dite romaine dans un des faubourgs de la ville. Ce nom est de pure fantaisie. Il parait avoir était donné par les premières troupes d’occupation.
Des inscriptions étaient visibles à l’entrée du cercle militaire, elles proviennent des ruines d’un ancien camp romain situé proche du village Chanzy (Sidi Ali Benyoub). Les pierres qui portent ces inscriptions furent trouvées au point dit « Hamma-Sidi-Ben-Youb »
Comme la ville de Sidi Bel Abbes a définitivement la garde de ces témoins archéologiques, je ne crois pas utile d’en donner ici un fac-simile, une traduction et un commentaire qui ont été communiqués par la société de Géographie d’Oran, et qui sont dus à M.A Berbuger et au capitaine Davenet.
LES ARABES
Les grandes invasions arabes se sont produites en Afrique vers les années 644 et 1060 de notre ère.Cette dernière fut particulièrement violente et déchaina sur les anciennes colonies romaines une horde de 250 000 nomades qui détruisit sur son passage.
Le cataclysme ne dut pas affecter le même caractère de gravité dans la région qui nous occupe car il continua à y subsister des principautés bèrbères telle que celle de Tlemcen.
C’set vers le 14e siècle seulement que fit son apparition dans la contrée le puissante famille hilalienne arabe des Beni-Ameurs. Le roi de Tlemcen la mit en possession des terres sur lesquelles elle c’est établie entre le sig et l’Isser, dans le but de l’opposer aux envahissements des arabes malikiens de la plaine d’Angad.
Les Béni-Ameurs sont divisés en un très grand nombre de tribus. Les Français, à leurs arrivée dans la région de Sidi Bel Abbes, eurent affaire plus spécialement à trois de ces tribus : les Amarnas, occupant le territoire de la future ville, les Azedj échelonnés de la Mékerra au Tessala et les Sidi Brahim installés à l’ouest. Ils trouvèrent en outre, à côté des Sidi-Brahim un tronçon de la tribu des Hassasnas de Saïda.
La présence de ces derniers arabes parmi les Béni-Ameurs se rattache ç un incident de la domination des Turcs dans le pays.
Plusieurs cavaliers Hassasnas avaient aidé les Beys de Mascara dans leurs luttes contre les Espagnols. Ils obtinrent la faveur, plus tard, de faire partie du maghzen, et résidèrent aux environs d’Oran quand les Beys eurent pris possession de cette dernière ville.
Vers l’année 1793, ces Hassesnas furent envoyés sur les bords de la Mékerra pour surveiller un nommé Thami, es chef des Sidi-Brahim, qui avait juré d’assassiner le Bey. La mission n’ayant jamais été révoquée, les Hassasnas continuèrent à camper près de Sidi-Brahim.
Les Hazedj bénéficient aussi d’une particularité historique. Ils restèrent séparés de leurs frères jusqu’au 17é siècle de notre ère. Une alliance avec les princes berbères les avaient maintenus jusque là dans le sud.
Les territoires qu’ils occupaient étaient tenus par une tribu des Béni-Ameurs : les Ouled-Abdallah. Les Hazedj envahirent ce territoire et forcèrent la tribu qui le détenait à leurs laisser le champ libre. Elle alla s’installer dans la plaine de la Mléta, au voisinage d’Hammam-Bouhadjar.
LES ESPAGNOLS ET LES TURCS
Les Espagnols prirent Oran en 1509 et en chassèrent le roi Zianite Guelmous .Ils ne tardèrent pas à acquérir une certaine influence dans le pays et à asseoir leur autorité sur toutes les tribus du Tell. C’est ce qui explique les traces de leur occupation au Tessala.
Les différends qui existaient entre les princes de la dynastie zianite de Tlemcen favorisèrent considérablement l’extension du pouvoir espagnol sur l’ouest du Maghreb. Oran devint, par son influence, son autorité et son commerce, la véritable capitale du pays. Les Arabes ne connurent pas d’autres débouchés pour leurs produits agricoles et les objets fabriqués chez eux.
Cette prospérité fut toutefois contrariée par l’établissement des Turcs à Alger et par le secours que leur demandèrent les Zianites de Tlemcen.
Le Bey souleva peu à peu toutes les tribus contre les Espagnols qui finirent par ne plus pouvoir sortir de la ville.
Au cours de l’année 1708, la situation devint qi critique, que les Espagnols prirent le détermination d’abandonner la place. Le Bey de Mascara réalisant alors son rêve, installa sa capitale dans la cité évacuée.
Les Turcs installés à Mascara s’opposèrent à tout contact. Eux seuls administraient le pays. Le ravitaillement des Espagnols ne pouvait s’effectuer que par mer. Ce ravitaillement très couteux et très long présentait, en outre, de nombreux aléas.
La situation parut intolérable au gouverneur d’Oran qui traita secrètement avec les Béni-Ameurs pour chasser les turcs de la province. La lutte fut d’abord favorable aux armes des deux alliés, mais, en plein combat, les Béni-Ameurs passèrent à l’ennemi et furent cause d’un désastre dont ne se relèvera plus ma prépondérance espagnol.
Suite à un tremblement de terre qui a bouleversé une partie d’Oran, le roi d’Espagne décida de rappeler ses soldats, et la ville fut évacuée en vertu d’une convention signée avec le Dey d’Alger. Cette deuxième occupation avait durée environ soixante ans.
Le Bey de Mascara fit son entrée solennelle dans la ville d’Oran et assista à l’embarquement à Mers-el-Kébir des troupes espagnoles. La domination turque ne subit plus d’interruption dans la province jusqu’à l’arrivée des français.
Mohamed Boudjakdji