Récit du Targui et de l’émir andalou…
Ah ! Ya Aba Ahmed , je vais te révéler comment le Targui , en pleine nuit pendant qu’il dormait , après une veillée , seul , au milieu du désert , ayant bu trop de tay , fumé trop de cigarettes , il tomba d’un coup dans un profond sommeil , vers trois heures du matin , un silence lunaire surplombant les parages , il se réveilla en sursaut , bu une gorgée d’eau , en répétant sabhanallah , sabhanllah…Dans ce rêve , il vit que Nour se promenait le long des allées d’un jardin de Gharnata , quand elle vit un homme , habillé d’une kachabia usée , un turban rapiécé , penché , les mains réunies pour se désaltérer devant une fontaine , une des fontaines célèbres de l’Alhambra et , Nour s’arrêta , elle se voila le visage , l’homme se leva difficilement , l’air vieilli , pourtant ses traits gardaient encore l’empreinte de la jeunesse , son visage distingué , éclairé par un rayon de Kamar lui sourit , elle fut troublée par sa prestance royale accoutré dans des habits de pauvre , il la salua de la tête et lui dit » Noble dame, mon apparence est une punition de notre Seigneur , vois dans quel état je suis , moi qui a causé la ruine de ce royaume , oui noble dame je suis bien Boabdil , le dernier malheureux émir de l’Andalousie , et quand j’ai versé des larmes , ma mère la Hourra m’a pris en pitié et a prononcé des paroles inoubliables « Tu pleures la perte de ton royaume que tu n’as pas défendu comme un homme » L’histoire dit que je me suis réfugié au Maghreb , ce n’est pas toute la vérité , celui qui est parti était mon sosie que j’ai chargé d’emmener ma famille loin des conquistadors , tu vois ce grand portail ciselé en or et en émeraude , n’ayant ni mur ni dôme , debout et fermé , c’est ce qui me reste de mon règne ,tout appartient désormais aux chrétiens d’Espagne , mais moi je n’ai pas le courage de quitter Gharnata , je décidai de demeurer ici comme un mort dans sa tombe , ma vie est morte » Il cueillit une rose blanche et la tendit à Nour avec délicatesse , avant même que Nour la prenne , le Targui arracha la fleur des mains de Boabil et l’écrasa avec son pied , Nour voulait protester , le Targui s’écria » Ce n’est pas Boadil , Nour , c’est un imposteur » Boabdil ou celui qui semblait l’être lui sauta à la gorge , le serra si fort que l’homme bleu cria dans le désert , il se réveilla tout en sueur , s’asperge le visage d’eau , assis sur son séant , tout près le chameau la tête posée contre le sol semblait rire…
Ahmed Mehaoudi…