Pourquoi la « Seine de petit paris » s’est-elle transformée en cours marécageux ?, à qui incombe cette responsabilité de dérive ?
Depuis la nuit des temps, Oued Mékkera a été toujours au centre des préoccupations des populations riveraines, ses déferlements à la suite de pluies diluviennes venues d’ amont depuis la région de « Ras El Ma » ex : Bedeau, ont causé d’énormes pertes en vie humaine et des zones toutes entières furent inondées avec tout ce que ce vocable englobe en terme de conséquences négatives sur les autochtones de l’époque, durant la période coloniale, le génie militaire s’est attelé à faire des études pour trouver les solutions idoines pour préserver ce qui va devenir par la suite une ville forteresse au nom du saint marabout de Sidi-Bel-Abbés, c’est ainsi que vers 1865 l’idée de construire un barrage dans la région de Tabia fut sérieusement retenue, mais pour des raisons qui incombent à l’administration coloniale, le projet n’a pas vu le jour est ce jusqu’en 1962 date de l’éviction du colonisateur du territoire Algérien devenu souverain.
La ville de Sidi-Bel-Abbés a connu depuis cette date plusieurs inondations à l’exemple de celle de 1967 qui fut dramatique et où les eaux ont atteint des hauteurs records, une ville envahie par des eaux boueuses ayant nécessité l’intervention des services de la protection civile et des corps constitués afin de venir en aide à des citoyens totalement encerclés et dépourvus de tout et la ville fut décrétée zone sinistrée.
Aujourd’hui les choses ne sont plus ce qu’elles étaient, le barrage a été construit à Tabia, des digues et des retenues collinaires furent aussi construites le long des zones à fortes inclinaisons pour amortir la vitesse des flux et aider à leurs décantations, des ouvrages de déviations contournant la ville furent réalisés, des murs de soutènement d’un mètre de hauteur furent bâtis le long du trajet intra-muros de Oued Mékkera, toute une stratégie dynamique qui a donné ses fruits quant à la préservation de la ville d’une manière définitive du phénomène des crus.
Or, à cette dynamique constatée de visu, l’effort des autorités locales ne s’est pas fait ressentir sur le terrain pour potentialiser cet élan et faire de Oued Mékkera un atout de taille sur tous les plans, une miniature de la Seine pour un petit paris, à chaque assemblée communale avait son balbutiement pour des travaux de curage fait d’une manière loin d’être professionnelle, l’état actuel des choses est très préoccupant, le Oued Mékkera est devenu par la force de l’incivisme citoyen un dépotoir à ciel ouvert et par l’incompétence des responsables, un cours de pollution par excellence, une tache noire hideuse qui salit l’image de marque de toute une ville et celle d’un Oued qui pas si loin que ca, regorgeait de vie par ses poissons qui faisaient le bonheur des pécheurs occasionnels.
Dans les années 2000, un simulacre de projet sur 17,8 km fut étudié pour être confié à une entreprise chinoise qui à l’époque fut retenue pour la réalisation du projet d’adduction d’eau potable du barrage de Sidi-Abdelli vers Bel-Abbés, ce projet consistait à curer Oued Mékkera sur tout son trajet traversant la ville, depuis le point situé au Sud à hauteur de la gare routière de « village Thiers » et jusqu’au point Nord situé entre le village américain et la localité de Sidi-Brahim, puis à l’aide de dalles en béton le couvrir pour en faire un boulevard piétonnier, une idée qui ne verra jamais le jour pour des raisons non encore élucidées, quoique, l’idée en elle-même reste à discuter pour peser ses avantages et ses inconvénients car l’action est onéreuse et le patrimoine est celui de tous les belabbesiens.
Ces derniers temps une énième action fut entreprise pour tenter de curer les rives de la Mékkera et badigeonner ses abords immédiats au moyen de la chaux, une initiative louable à prime à bord, mais comme à l’accoutumé le travail n’est jamais fait dans la perfection de l’art pour plaire mais juste une action pour mettre de la poudre aux yeux pour parait-il amadouer une avidité d’assainissement des villes algériennes dictée du sommet de la pyramide, à des fins conjoncturelles.
Ceci dit, Oued Mékkera continue de faire parler de lui sur un tout autre registre que celui qui devait l’être à savoir un don céleste pour la ville de Sidi-Bel-Abbés qu’il faut jalousement choyer, entretenir et revaloriser en tant que capital naturel intarissable, à préserver pour nous-mêmes et pour les générations futures, c’est ainsi qu’après le danger des inondations, la Seine de petit paris est en passe de devenir un cours marécageux où des reptiles risquent, selon les lois de l’évolution de Darwin de se transformer en crocodiles, même si la contrée des Béni Amer en possède quelques cas de type bipode qui n’aiment que se faire servir.
Fouad. H