A cet effet, nous avons le plaisir, d’enregistrer leurs importantes interventions que nous présenterons successivement à nos lecteurs, à commencer par le Mr Hani Abdelkader docteur en Archivologie, auteur de plusieurs ouvrages et éditeur de « Timgad Diffusion »
-« Certains intellectuels français, dira t il ! qualifient l’émir Abdelkader de « meilleur ennemi de la France » et le définissent comme : « Notre adversaire seize ans, notre prisonnier quatre ans, notre ami trente et un ans. » Trois grandes étapes dans la vie du grand homme qu’il fut, trois grandes catégories dans les archives que son activité a générées ».
Toute cette activité administrative a généré une recherche d’archives dont il ne nous reste malheureusement très peu de traces .Les quelque documents qui échappèrent aux destructions de la guerre furent dispersés au gré du hasard des chefs militaires français ou de collectionneurs.
La prise de la Smalah le 16 mai 1843 fut une grosse perte : L’émir y perdit toutes ses archives et sa bibliothèque composée de manuscrits arabes des plus rares, évaluée à 5000 livres. Les militaires qui s’adonnèrent au pillage détruisirent un grand nombre de documents. L’émir y perdit toute sa bibliothèque et toutes ses archives.
La perte de la bibliothèque et des archives fut une redoutable épreuve pour l’émir, comme il le dit lui-même : J’avais l’intention d’établir à Tagdempt [sa capitale fixe] une vaste bibliothèque mais Dieu ne m’en a pas donné le temps. Les livres que j’avais destinés à en former le commencement étaient dans ma Smala lorsque le fils du roi s’en est emparé. Aussi ce fut une douleur ajoutée à mes douleurs de suivre votre colonne reprenant le chemin de Médéa, à la trace des feuilles arrachées aux livres qui m’avaient coûté tant de peine à réunir »[1]
Certains officiers s’approprièrent des documents. On en retrouvera quelques traces peu de temps après. En décembre 1843 le général Marey-Monge , était en possessions d’un document arabe qu’il fil traduire et qui fut publié par la librairie Hachette sous le titre français de : « Poésies d’Abdelkader. –Ses règlements militaires » probablement un vestige du pillage de la Smalah d’Abdelkader. Ce document qui renseignait sur l’organisation de l’armée de l’émir fit l’objet d’une publication à Paris et à Alger des 1848
Les Français semblent d’ailleurs s’être inspirés des archives de l’émir pour instaurer leur régime fiscal en Algérie car non seulement ils maintinrent en Oranie, le régime fiscal instauré par l’émir mais l’étendirent aux provinces d’Alger et de Constantine.
Des documents relatifs à l’émir Abdelkader, notamment des correspondances, sont conservés dans les institutions d’Archives de plusieurs pays. On peut citer bien sur la France, la Turquie, la Grande-Bretagne, etc .
A la bibliothèque des invalides, un document évoque la visite de l’émir Abdelkader à Paris en 1865….Plusieurs des lettres de l’Emir sont conservées aux archives de l’archevêché d’Alger. L’émir Abdelkader a eut une correspondance fournit avec les hommes de religions français comme Mgr Dupuch.
Les archives de Turquie disposent également d’un certain nombre de documents sur l’émir Abdelkader. Au cours d’un colloque sur l’émir Abdelkader, un universitaire turc, Dulgër Kerar , proposera des témoignages sur l’Emir Abdelkader extraites des archives ottomans.
Si l’on en croit Bruno Etienne, les archives des différentes obédiences maçonniques renferment des lettres échangées entre l’émir et diverses loges parisiennes et égyptiennes, essentiellement entre 1860 et 1867, certaines seraient conservées aux archives d’Aix-en-Provence, même si beaucoup d’auteurs ont contesté cette appartenance et même l’initiation de l’émir.
En 2003 le professeur Abdelhamid Zouzou a publié une autre ouvrage Correspondance de l’Emir Abdelkader avec le général Desmichels aux Edition Houma d’Alger
La Fondation « Emir Abdelkader » s’est fixé pour objectif de « créer un centre de
documentation devant réunir toutes les œuvres de l’Emir Abdelkader et tout ce qui a été écrit
sur lui au niveau national et à l’étranger; ainsi que les documents et archives se rapportant à sa personne et aux évènements liés à sa vie, en essayant de les récupérer là où ils se trouvent. »
Ce travail est commencé à Sidi bel Abbes
[1] Alidelkader HANI Une lettre de l’Emir Abdelkader datée de 1880 aux Archives de Sidi Bel Abbès. Revue d’histoire maghrébine. 14 e année. N° 45-46. Juin 1987.