Cet Article ,je le dédie à tous mes frères (APPS)
Je me rappelle de mon tout dernier voyage dans les camps des réfugiés à Tindouf en compagnie de mes frères scouts, et comme de coutume on est toujours invité à dégusté un thé préparé avec soin par un sahraoui.
Sous la khaïma, les cheveux gris, un visage tracé par les rides, ses mains commencent à bouger, pendant que les récits affluent avec aisance, il se dirige lentement vers un vieux brasier traditionnel pour nous préparer un thé.
A ce stade de la conversation, il s’arrête et prend le rythme de ses gestes, la solennité de ce rituel enveloppe les présents, les mots deviennent plus intimes et chauds et les sourires se croisent avec complicité.
La cérémonie du thé appartient à la tradition sahraouie. Sa naissance se perd dans l’antiquité et elle se confond dans l’histoire de ce peuple depuis quarante ans en attente. Le thé a des racines dans la vie, dans la mort et dans les sentiments de lutte et d’espoir que nourrit cette population depuis toujours.
Quelques minutes ou quelques secondes sont passées, difficile à calculer, et Saïd enlève la théière du feu et il ajoute une poignée de thé. A ce moment, avec une harmonie presque à la limite de l’équilibrisme, il commence à créer l’écume dans les petits verres en élevant la théière et en formant comme une petite cascade , tout en versant le thé, un verre après l’autre .Ses mots sont accompagnés de cette danse fascinante et de son délicat verre qu’il dépose sur le plateau pour passer aussitôt à un autre. On dit que le premier verre est amer comme la vie, une vie passée dans la lutte, marquée par le sacrifice et par l’attente. En buvant le premier verre il raconte ses mésaventures durant toute cette lutte de libération qui n’a que trop durée .En soupirant bien fort, il passe au deuxième verre de thé, doux comme l’amour.
Le lien entre les gens est très fort, c’est un peuple extrêmement solidaire, les personnes âgées sont respectées et honorées et l’amour se manifeste avec des petits gestes quotidiens, en caressant la tête d’une personne âgée, en embrassant un enfant ou en prenant la main d’un ami, pour démontrer le sentiment que l’on ressent. Le troisième thé est suave comme la mort. Hamad passe les verres aux invités .C’est le dernier thé, le plus silencieux et méditatif, qui annonce la fin de la rencontre. Le thé suave qui représente la fin de sa noble lutte et de son interminable résistance.
Sortie en plein désert de la zone libérée avec comme repas une spécialité purement sahraoui (la Mrefissa) du pain cuit dans la braise et une sauce avec beaucoup de viande de chameau puis on ajoute le pain en petit morceau qu’on laisse reposer avant d’être servi.
Mohamed Boudjakdji