Tout indique que le nouvel émir du Qatar envisage d’effacer toute trace du règne chaotique de son père. La nouvelle de la passation du pouvoir entre Hamad Ben Khalifa Al-Thani était, en elle-même, il y a déjà plusieurs mois, un indice de taille sur les nouvelles orientations politiques internationales que Doha a été sommé de mettre en œuvre à la lumière des derniers changements survenus dans le monde arabe. La guerre imposée à la Syrie étant sur le point d’être gagnée par le pouvoir en place, les Etats-Unis ont dû, forcés, revoir leur stratégie de fond en comble dans cette partie du monde d’où la première puissance mondiale puise l’essentiel de ses ressources et de sa force de frappe pour maintenir son hégémonie sur l’ensemble de la planète. Les premiers signes de ce changement sont les décisions successives du nouvel homme fort du Qatar qui vont toutes dans le sens contraire de son prédécesseur. Le nouvel émir du Qatar a salué, hier, ce qui est qualifié de «transfert du pouvoir» en Egypte, après la déposition du président issu de la secte des Frères musulmans, Mohamed Morsi. Une réaction qui a étonné plus d’un, mais qui entre en droite ligne dans le réajustement géostratégique de circonstance voulu par Washington. Cette position pour le moins surprenante intervient après une série d’informations faisant état de l’extradition du prédicateur égyptien Youssef Al-Qaradawi, porte-voix exégétique de l’émir déchu. Toujours en Egypte, les autorités militaires ont – sans que cela ait donné lieu à une quelconque condamnation de la part des autorités qataries – pris la décision judicieuse de fermer le bureau d’Al Jazeera, la chaîne de propagande créée par Hamad Ben Khalifa Al-Thani aux fins d’appuyer une politique moyen-orientale américaine programmée de longue date et qui devait aboutir à ce que les laboratoires spécialisés dans la communication subliminale ont appelé le «printemps arabe». Mais, comme de coutume, les calculs des services secrets américains se sont, encore une fois, révélés faux. Le réveil, bien qu’un peu tardif, de l’armée et d’une bonne partie de la société civile et de la classe politique en Egypte a sonné le glas d’un plan d’envergure qui devait assujettir tous les pays arabes qui peuvent former une force de frappe arabe redoutable face à Israël s’ils venaient à s’unir. C’est ainsi que l’Irak a été laminé, la Syrie affaiblie, l’Algérie soumise à un terrorisme sans égal dans l’histoire de l’humanité, la Libye désintégrée et l’Egypte offerte à la confrérie religieuse des Frères musulmans qui allaient enfoncer le pays dans une crise d’une gravité telle que des experts – y compris égyptiens – parlent même d’une probable famine dans les années à venir pour au moins deux raisons : l’insuffisance des ressources hydriques qui se feront de plus en plus rares dans le pays et la non-maîtrise des naissances encouragée par un pouvoir islamiste qui interdit tout recours aux moyens contraceptifs. Le renversement du président Mohamed Morsi et l’emprisonnement des principaux leaders de la confrérie des Frères musulmans marquent la fin de l’islam politique en Egypte et l’échec d’un plan ourdi de longue date. La défaite proche de l’opposition islamiste armée en Syrie achèvera de confirmer le revers de cette machination diabolique dont les prémices remontent au début des années 1990, lorsque les puissances étrangères tapaient du pied pour que fût rétabli un processus électoral impropre et malhonnête arrêté in extremis par l’armée en Algérie.
M. Aït Amara