Maître VERGES de son prénom Jacques, est né théoriquement le 5 mars 1925 à Oubone, en Thaïlande, où son père, Raymond, était consul de France. Il déclara au cours de sa vie à plusieurs interlocuteur « Je suis né d’un père vagabond, ingénieur agronome en Chine, professeur à Shangaï, consul et médecin » Son père Raymond a épousé Khang, la mère vietnamienne de deux de ses garçons, Jacques et Paul, et aurait fait un faux, en déclarant la naissance des deux frères le même jour, alors qu’ils avaient un an d’écart, ainsi que l’a découvert l’un de ses biographes, Bernard Violet. Jacques Vergès serait-il plutôt né le 20 avril 1924 ? Il dira « Je m’en fous royalement » dans une interview accordée à Libération. Le mois d’avril 1957 notre ténor du Barreau vit dans sa vie Il n’a que dix-huit mois d’expérience lorsqu’il est appelé en Algérie pour défendre une jeune militante du FLN, Djamila BOUHIRED. Il dira plus tard « Entre les Algériens et moi, ce fut le coup de foudre » Il épousera Djamila après avoir accepté une conversion à l’Islam La jeune poseuse de bombe est condamnée à mort ; puis graciée ; Son courage et son insolence en ce moment lui valent un an de suspension du barreau, en 1961, Mais pour le FLN, c’est un héros, il prendra le prénom de « Mansour » lors de son allégeance concédée à la nation algérienne, Le FLN l’envoie au Maroc, où il devient Conseiller du ministre chargé des affaires africaines, et quand l’Algérie accède à l’indépendance, le voilà converti à l’Islam et citoyen d’honneur de la République Algérienne; qui lui décerne plusieurs décorations . Mais Jacques Vergès s’éloigne de Moscou et se rapproche de Pékin, il quitte Alger, est reçu par Mao, on le croise un temps à Beyrouth aux côtés de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Et il disparaît. Pendant huit ans. Le Monde du 26 mai 1970 publie un petit entrefilet, « Me Vergès, dont la famille était sans nouvelles depuis le 17 mars, a fait savoir à son éditeur, M. Jérôme Lindon, qu’il était en bonne santé à l’étranger ». Jacques Vergès a entretenu sa légende, laissé dire ou fait courir les bruits les plus divers ; la thèse la plus communément retenue serait qu’il était au Cambodge avec son ancien copain Pol Pot. Un jour, Vergès réapparaît. Egal à lui-même, avec ses lunettes rondes, son sourire ironique et son petit costume. Lorsqu’on l’interroge, il répond, « Je suis passé de l’autre côté du miroir. C’est ma part d’ombre » Ses clients les plus célèbres étaient Bruno Bréguet et Magdalena KOPP, les compagnons de Carlos, convaincus d’avoir transporté des explosifs. Il défend le terroriste vénézuélien lui-même ; la Stasi, la police secrète d’Allemagne de l’Est, assurait qu’il l’avait approché dès 1982. Carlos a même dit au juge d’instruction qu’il avait choisi Vergès parce qu’il était « plus dangereux » que lui. L’avocat avait apprécié « C’est un homme extrêmement courtois. Je pense que c’est un hommage : le combat des idées est un combat aussi dangereux que celui des bombes » » Me Vergès défendra aussi Georges Ibrahim Abdallah, condamné à la perpétuité et toujours en prison ; antisioniste passionné, il navigue toujours sur la crête de l’antisémitisme. Il défendra également en 1987 Klausse BARBIE , l’un des chefs de la Gestapo de Lyon de 1942 à 1944 C’est pour l’ancien résistant l’occasion d’obtenir une tribune « pour dénoncer le colonialisme » Jacques Vergès, a défendu mille autres accusés de façon la plus simple qui soit, La défense de rupture, sa méthode était aussi appréciée par les uns que détestées par les autres, superbe dans le prétoire,Jacques Vergès a ainsi défendu Louise-Yvonne Casetta, la trésorière occulte du RPR, Omar Raddad, le jardinier marocain accusé du meurtre de sa patronne, ou Simone Weber, accusée d’avoir coupé en morceaux son amant, il avait entrepris de découper un poulet à la tronçonneuse pour prouver que l’affaire risquait d’éclabousser… « En examinant un dossier, a expliqué VERGES, je me trouve dans la position d’un monteur de cinéma devant ses rushs. C’est un métier d’art. Le représentant du Parquet est dans la même situation, mais lui fera de la littérature de gare à partir des lieux communs de la société. Moi, je suis contraint de créer un nouveau roman. J’ai eu la chance de le rencontrer souvent notamment lors de cérémonies organisées par l’Ambassade d’Algérie en France et pour la dernière fois lors de son passage sur scène ou il a joué sa propre histoire, quelle histoire !!! Ses détracteurs lui reprochent d’avoir disparu pendant 10 ans, moi je leur recommande de comptabiliser ses actes de bravoure au cours de sa vie, cela leur fera oublier peut être d’avoir été du coté des faibles. Il a marqué ma vie, et sa présence dans mon entourage m’a toujours impressionnée C’était un grand personnage ; pour qui la défense du faible a donné une joie de vivre Le peuple Algérien devrait être fier de l’avoir compté « citoyen d’Algérie » et devra le pleurer longtemps ; car comme « Mansour » ils avaient été peu nombreux. Merci Jacques, je vous avais dit un jour que vous avez été mon idole je vous dis ce jour que vous m’avez fait aimé le droit en tant que discipline, et la « défense de l’opprimé » et juste , pour cela ce papier sera un hommage à vous ; et un réconfort à vos amis ; car je sais qu’ils sont nombreux, notamment en Algérie.
MOHCINE SOLEIL