Ébranlés par l’intervention musclée de l’armée égyptienne contre les Frères musulmans, évacués par la force des places publiques qu’ils occupent depuis plusieurs semaines, les islamistes algériens tentent de se mobiliser pour limiter l’onde de choc des événements d’Égypte. Ces islamistes étant tous ouvertement ou secrètement affiliés aux Frères musulmans, la dislocation de cette secte née en Égypte signera la fin de cette mouvance extrémiste qui ne désespère cependant pas de revenir au-devant de la scène, voire carrément de prendre le pouvoir un jour. Chose légitime, diraient les citoyens épris de démocratie, mais la longue expérience vécue par l’Algérie depuis le milieu des années 80 à ce jour montre clairement que toutes les organisations qui fondent leur activisme politique sur la religion, en jouant sur la fibre sentimentale, qu’elles se revendiquent du salafisme, du wahhabisme ou de toute autre doctrine extrémiste, ne peuvent se passer de la violence pour imposer leurs idées rétrogrades. En Égypte, où l’armée a dû intervenir pour sauver la république d’un basculement évident vers un régime d’apartheid, menaçant de fait les minorités et, pis, l’intégrité d’un pays à l’économie exsangue et à la pauvreté exponentielle, l’organisation vieille de plus d’un demi-siècle est en voie d’être démantelée. Les tentatives de certains médias arabes, dont des journaux arabophones algériens, de diaboliser l’armée égyptienne et de donner une fausse image pacifiste des Frères musulmans, bien que quarante policiers et militaires aient été tués par arme à feu, ne suffiront pas à cacher le véritable visage de cette mouvance. Dans une déclaration à France 24, un ancien consul de France à Alexandrie a clairement indiqué que les Frères musulmans avaient adopté, dès la chute du régime Moubarak, la stratégie de la terreur pour s’imposer comme première force politique dans le pays. Ce diplomate affirme qu’un de ses amis avait été blessé par un coup de feu tiré par un membre de cette organisation, précisant que les Frères musulmans n’étaient pas majoritaires dans le pays contrairement à ce qu’on pourrait croire. Nonobstant tous ces éléments d’information éclairant cette tendance évidente à la terreur et à la violence, des journalistes algériens s’apprêtent à organiser un sit-in de solidarité avec les Frères musulmans égyptiens, à Alger. Ce groupe réduit d’Algériens solidaires avec les islamistes égyptiens compte dans ses rangs, outre le rédacteur en chef d’Echorouk, des Algériens installés et travaillant dans différents médias au Qatar, venus spécialement pour brandir des banderoles de soutien aux protégés de Doha et crier des slogans hostiles à l’armée égyptienne. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cet émirat nous «réexpédie» nos concitoyens pour manifester en Algérie. En effet, à chaque échéance politique importante ou annonce d’un vaste mouvement de protestation, la chaîne de propagande Al Jazeera, interdite d’activité en Algérie, dépêche plusieurs de ses journalistes d’origine algérienne munis de «titres de congé». Une façon captieuse d’assurer la couverture des événements et de les manipuler ensuite à sa guise. Le MSP, devenu l’appendice du FIS depuis l’éjection de son ancien président Bouguerra Soltani, s’apprête à lancer sa propre chaîne de télévision à partir de Tunis, apprend-on. A partir de Tunis, donc, où le gouvernement est dirigé par le mouvement Ennahda de Rached Ghannouchi, adoubé et financé par le Qatar. Ainsi, les islamistes algériens s’agitent pendant que l’organisation mère décline. Mokri et ses semblables savent que la fin des Frères musulmans signifie la leur.
M. Aït Amara