10 novembre 2024

JARDIN PUBLIC ET LAC : PÉRIL EN LA DEMEURE. Par Abdelhamid ABDEDDAÏM.

« Nous fabriquons notre passé, c’est peut – être la plus grave imposture ». Doris LESSING in « Dans ma peau ».

« Le bon sens est la forme d’aliénation la plus répandue ». N.F SIMPSON

« Cordonnier ne juge pas plus haut que la chaussure » Pline l’Ancien.

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A la lecture du compte – rendu de la réunion Bureau d’Etudes Eco-Vert avec la Commission Environnement de l’A.P.C, inséré dans la Voix de Sidi-Bel-Abbès  le 9 juillet 2014, il nous semble que les différentes alertes, suggestions et recommandations de la Société Civile n’ont servi strictement à rien et ce à propos des massacres causés au Lac Sidi Mohamed Ben Ali et le Jardin public de la ville.

En effet, il se dégage des travaux de cette Commission que la Société Civile, délibérément impliquée, n’est en rien concernée dès lors que le Bureau d’Études est « choisi » et que les orientations des travaux ne demandent qu’à être confirmées. Ceci pour la forme, quant au fond, nous réitérons nos inquiétudes : le massacre programmé suit son cours « naturel » dans un monde sans âme.

Est-ce une fiction qui se déroule devant nos yeux nous laissant interloqués et ébahis devant de telles audaces. Oser encore accélérer la défiguration des lieux au sens où la beauté et l’harmonie de ce que fut le Jardin public sont totalement dévoyées. Si nous nous taisons, la convergence vers l’inqualifiable et l’innommable se dessine pour une responsabilité résolument diluée. L’intérêt premier et général étant lamentablement remisé d’une manière inquiétante, commence à faire germer moult supputations et, c’est là, une loi universelle relative à l’action et à la réaction qui les impose.

Les travers du Lac bien aimé n’ont servi à rien et les protagonistes coulent des jours « heureux ». C’est à croire que l’opinion populaire et l’éthique professionnelle – et le tout est de saisir ce que cette dernière exige – ne sont qu’accessoires pour les décideurs diligentés pour ce faire. Nous sommes sûrs que cette démarche nous mènera aussi vers un péril encore plus grand avec des délais plus élastiques compte-tenu que la preuve de l’échec ou de la réussite ne peuvent se faire que dans un délai plus ou moins long, mais sûrement que la constatation des faits ne serait établie qu’au terme du mandat des élus actuels et on aura alors bon dos de leur signifier leurs incartades voire plus.

Aussi, le schéma conceptuel et le déroulement de l’opération ne nous apparaissent pas cohérents et conformes aux règles administratives d’usage. Le travail effectué actuellement par la Commission devrait être contenu dans le cahier des charges présidant au choix du Bureau d’Études. Ce cahier des charges, en plus des conditions administratives légales, aura  pour objectif de définir les principes régissant la mission à effectuer dans le sens de la réhabilitation du Jardin avec une actualisation des exigences du moment. A titre d’exemple des essences et plantes exigeant une consommation d’eau mesurée et le recours aux plantes résistant à un climat semi-aride et ce d’autant que le Maghreb est appelé à subir les rigueurs de variation climatique selon les dires des plus grands experts en climatologie.

Une fois le cahier des charges établi avec soin et rigueur on s’orientera vers le choix du bureau d’études qui aurait détaillé son offre en fonction de son expérience, de ses références et du curriculum vitae de son encadrement avec également ses références professionnelles.

Malheureusement, nous constatons que la démarche a été inversée et, qu’immanquablement, elle ne peut déboucher que sur une impasse douloureuse. La commission activant présentement, si elle devait se justifier n’aurait pour rôle que le suivi de ce qui a été formulé dans le cahier et confirmé par l’offre détaillée « choisie » qui deviendrait le corps du contrat dans son aspect technique.

La différence entre bureau d’études devrait se faire principalement dans son originalité technique, variété des plantes et leur choix, garantie de réussite avec références, formation de l’encadrement et des ouvriers et suivi pendant tout le cycle végétatif selon les espèces et les essences retenues.

Le pouvoir n’est pas en dehors de soi mais en soi dès lors que nous légitimons la responsabilité que nous prenons, faute de quoi nous sommes sûrs que des relais inertes se contenteront de passer le témoin pour s’en débarrasser aussitôt.

Nous ne pouvons conclure sans préciser que la Société Civile, si tant est qu’elle existe sans avis déterminant qu’à l’achèvement des travaux d’une commission guidée elle – même par un canevas péremptoirement admis.

Nous nous excusons d’avoir à intercéder et à empiéter sur une sphère à laquelle nous n’appartenons pas mais une réflexion qui se veut juste et adéquate sur un monde en évolution constante nous impose de nous prononcer sur une œuvre au long cours à mettre au bénéfice  de notre génération Ô combien vieillissante.

Il n’échappe à personne qu’il y a un temps événementiel, journalistique et un temps des bibliothèques sans influence de l’instantané. Notre sujet s’inscrit dans la permanence, c’est – à – dire dans l’enracinement d’une opération qui concernera toutes les générations qui nous succèderont. Dès lors, il conviendrait de s’appliquer et éviter de léguer à notre descendance un boulet qu’elle aura à traîner pour l’éternité.

Une affectation de crédits – curieusement tus – de quelque importance qu’elle soit ne saurait nous engager dans la précipitation ; la population se doit d’être informée par au moins l’exposition d’une maquette du projet pour en faire une œuvre commune partagée par tous les citoyens. Après tout, l’A.P.C doit être à l’écoute et en symbiose avec ses administrés qui l’ont « bien » élue.

Le malaise et la tristesse avec lesquels je regarde ce parc me rappellent sans cesse l’état de mort clinique du Lac m’empêchent de conserver ma quiétude et ma sérénité pour faire face à une vie finissante avec l’espoir d’avoir transmis les clés d’un avenir sans anicroches pour ceux qu’on a enfantés.

Faire peu de cas d’un avis partagé par une majorité, mènera sans risque de mauvaises prévisions à une catastrophe annoncée à un moment où une nouvelle nidation se propose de tout renouveler, périodicité élective oblige.

Par Abdelhamid ABDEDDAÏM.

 

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