« Impoesie » le recueil de Abed Manceur , pour une Poesie autre des mots…Par Ahmed MEHAOUDI.
La fulgurance de la poésie est comme un coup de « baroud » dans les vents , sa détonation réveille tant de réminiscences ou des évocations nostalgiques , surtout elle revisite de multiples « existences puériles » , ces vies fragmentées , éparpillés , dans notre urbaine jungle bétonnière , d’où trop de signes chaotiques circulent à travers « des existences écrasées par le fardeau du vécu sociale ou même affectif « , tout y est frigorifique entre argent à griffer ou brûlure de intercommunication..il fallait donc une réponse métaphorique ou alors un langage ciselé , précis , imagé , voilà qu’arrive en début de l’année 2013 comme un gondolier chantant , à l’humour à fleur de peau , un poète , s’étant voulu anonyme , compagnons des « esquintés urbains » , un poète qui a le mal de se nommer .
Nommons le , il le faut , Abed Manceur , tout court , sans fioriture , pas la peine d’un curriculum vitae , son nom suffi , c’est son tout premier recueil de poésie , y en aura-t-il d’autres , il vous sourirait sans geste puisque le miroir cinglant est un parcours constant, une observation lente , détaillée , un œil de lynx , une position où les mots dissèquent charnellement , viscéralement les zones éclairées et celles obscures pour laisser son introspection nous faire surgir les « tripes » de Bel abbès , cette ville d’exception où rien n’est comme ailleurs , où tout se joue sans vraiment un jeu , ou tout est ouvert et tout fermé , cité du paradoxe . D’ailleurs la préface de Thierry Renard le souligne magistralement : « il murmure à notre oreille , mais le plus souvent , il hurle » Le titre du recueil ne pouvait naître que d’un café, entouré de « potes », ses liseurs permanents, les confidents de la journée au tour d’une table légendaire où se décrète l’amitié sûre. Le mot crée le trouble , l’a t-il inventé par désinvolture , par paresse , pour « piquer » , pour traduire le « ras-le-bol » de l’immobilité , la rage tranquille d’une génération qui a trop bavé de délire , malmené par une suite de « tromperies mémorables » , devenues blasés par la force des choses .
« Impoésie » , ce titre qui nous prend à contre-pied cherche plus à contrariété les idées reçues , les logiques galvaudées , les intellectualismes rhétoriques et tant de « sophismes » qui règlent nos rythmes quotidiens .Si l’on feuillette cette œuvre , l’on découvre un défilée de poèmes néo-réalisme , à la Fellini , à la Sergio Leone , parfois même celle d’un goual diseur des places publiques , plus vivant et qui nous conte nos légendes urbaines aussi mélancolique que cocasses , lyriques , pathétiques mais au dessus de tout , vraies , authentiques , à l’état brut .. car chose étrange, si vous lui demandez , « Abed qu’en penses-tu ? » il vous regarderait comme le regard de Blondin du film « le bon , la brute , et le truand » , le mégot au coin des lèvres , vous tournera les éperons , remontera sur son cheval et derrière un tas de poussière qui tournoie dans l’air , quittera la ville …Cela est « impoétique » mais disons que la clameur silencieuse finit par monter au ciel , jusqu’aux étoiles et nous faire pleuvoir de belles chansons populaires. Juste un avant goût , cet extrait infime , tiré du poème « Lecture » : « Quand je parcours nos rues / La métaphore s’exile / L’emphase s’installe / Les virgules défilent / Et point de points c’est ainsi que les noms sont devenus antonymes / Préfèrent le mal de mer que de garnir un roman inachevé . » A-t-il terminé de dire ou commence t-il ?
Lisons-le d’abord.
Par Ahmed Mehaoudi.