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Ain Boua Dahou de Sidi Bel Abbés selon Cheikh Benharrat ( par Ahmed Mehaoudi)

-fontaine-romaine µA quelques travées du Masjid  Rahma au quartier « Filage Bira » Rue Fontaine Romaine  se dissimule une source, en bordure de l’oued,. C’est là , parmi la broussaille, les algues et la racaille étouffée de moisissures qu’une légende est née. On la surnomme Ain Boua Daho autour de laquelle une qassida  avait vu le jour.

L’auteur de ce poème qui est l’un des plus grands poètes nationaux natif de Ain El Berd en l’occurrence Cheikh Ahmed Benharrath en a fait un véritable chant poussant ses vers tranchants, des strophes d’un illuminé d’un visionnaire pourfendant le temps et décrivant le terrible « Karn  Arbataeach »(quatorzième siècle) du calendrier lunaire. Pour l’anecdote, dans le lieu dit, un dénommé Boua Dahou, homme brave, courageux et valeureux , »un Fhel , comme on dit-affronta un lion qui sévissait dans toute la région à  main nue, qui pour une raison qui de nos jours serait qualifiée de pure folie .

Le fauve s’était attaqué à son chien son fidèle compagnon ; Boua Daho jura de se venger. L’homme et l’animal se sont battus longtemps dans une lutte sans merci. L’homme sauva son chien et tint promesse.

Ce récit s’était installé dans la mémoire et qui mieux qu’une ode de melhoun peut magnifier et sublimer cette épopée d’héroïsme, inspirée Cheikh Benharrat s’appuya sur cette légende pour composer l’une des plus émouvantes, l’une des plus accomplies,  une qasida où une véritable peinture d’époque traverse les mots dans une construction métrique et annonçant déjà un souffle révolutionnaire. Le cheikh nous parle de ses « khaoudates » au bord de l’oued lavant le linge, de ce temps où la « horma» et la « hachma» dominaient, où le «rajel» respectait le code d’honneur et les valeurs traditionnelles. En parallèle, il voyait les « mauvais temps» mettant en lumière les « intrus» en uniformes, ce « moustaemar» venu nous piller, voler notre soleil, notre terre.

La colère de cheikh on la ressent dans son verbe acide  et plus acide encore  quand il nous parle du métaphore à titre d’exemple du coq qui fraternise avec l’aigle et de les voir marcher ensemble et où le coq frappe de son aile l’aigle . L’échelle des voleurs s’est renversée se lâche est considéré, le brave est méprisé, le pauvre joue au riche ; le riche s’incline, n’a plus cette prestance du généreux .

L’amertume est profonde dans le cœur du cheikh Benharrat au point où il réalise qu’il n’y a que des nuages noirs à l’horizon. L’élément rassurant la « Nya » qui persiste   telle une lanterne pour nous guider . le coup d’œil du poète imparable . A travers la légende, le chant étale les paysages avec sa faune et sa flore, ses odeurs et surtout la vertu sans cesse répétée, sans cesse tintant dans les ouïes pour le souvenir, et layali « Ramadan» sont propices à éveiller en nous le plaisir d’écouter les légendes.Au temps de Benharrath, le barde, on se réunissait autour d’un plat de « sfouf » accompagné de « leben » et on se laissait aller au conte prenant le cheikh pour un personnage surnaturel tant sa voyance touchant les tréfonds de l’ètre.

Ainsi la légende de Ain Boua Daho  sur les bords de la Mekerra  est plus loin encore, va de bouche à oreille, pareille à une cantique, pour nous bouleverser par ses vérités amères, ses envolées lyriques pastorales ou urbaines, ce temps qu’on croit révolu et qui nous revient à chaque saison . sans conteste le melhoun est une source «une « Ain » qui doit irriguer nos veines rompues à l’asphalte au béton et à la « mdina kbiha » avec ses rues chaudes et ses drames modernes. Mais quand la légende croise la réalité et qu’on soit un cheikh Benharrat la qasida  n’en sera que plus éloquente dans ce « zaman » fou cependant, quand on est poète, le cœur est plus fort que la raison.

A. Mehaoudi

 

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