L’auteur de ce poème qui est l’un des plus grands poètes nationaux natif de Ain El Berd en l’occurrence Cheikh Ahmed Benharrath en a fait un véritable chant poussant ses vers tranchants, des strophes d’un illuminé d’un visionnaire pourfendant le temps et décrivant le terrible « Karn Arbataeach »(quatorzième siècle) du calendrier lunaire. Pour l’anecdote, dans le lieu dit, un dénommé Boua Dahou, homme brave, courageux et valeureux , »un Fhel , comme on dit-affronta un lion qui sévissait dans toute la région à main nue, qui pour une raison qui de nos jours serait qualifiée de pure folie .
Ce récit s’était installé dans la mémoire et qui mieux qu’une ode de melhoun peut magnifier et sublimer cette épopée d’héroïsme, inspirée Cheikh Benharrat s’appuya sur cette légende pour composer l’une des plus émouvantes, l’une des plus accomplies, une qasida où une véritable peinture d’époque traverse les mots dans une construction métrique et annonçant déjà un souffle révolutionnaire. Le cheikh nous parle de ses « khaoudates » au bord de l’oued lavant le linge, de ce temps où la « horma» et la « hachma» dominaient, où le «rajel» respectait le code d’honneur et les valeurs traditionnelles. En parallèle, il voyait les « mauvais temps» mettant en lumière les « intrus» en uniformes, ce « moustaemar» venu nous piller, voler notre soleil, notre terre.
L’amertume est profonde dans le cœur du cheikh Benharrat au point où il réalise qu’il n’y a que des nuages noirs à l’horizon. L’élément rassurant la « Nya » qui persiste telle une lanterne pour nous guider . le coup d’œil du poète imparable . A travers la légende, le chant étale les paysages avec sa faune et sa flore, ses odeurs et surtout la vertu sans cesse répétée, sans cesse tintant dans les ouïes pour le souvenir, et layali « Ramadan» sont propices à éveiller en nous le plaisir d’écouter les légendes.Au temps de Benharrath, le barde, on se réunissait autour d’un plat de « sfouf » accompagné de « leben » et on se laissait aller au conte prenant le cheikh pour un personnage surnaturel tant sa voyance touchant les tréfonds de l’ètre.