lun. Jan 8th, 2024

PLAGIAT, QUALIFICATION ET CERTAINES CHOSES

Le plagiat qui est un crime, une pratique délinquante menace tragiquement la sécurité nationale et gangrène gravement toutes les institutions nationales.
Qu’est-ce que le plagiat ? Quelle est la frontière entre plagiat et intertexte ? Ce type de vol caractérisé touche tous les secteurs de la vie nationale.
A l’université, une partie des enseignants et des étudiants sont devenus des maîtres en la matière. Des thèses de doctorat et des mémoires de magister seraient tout simplement une compilation de faits construits sous la forme du « copier-coller » ou une reprise de l’architecture de thèses faites ailleurs. Dans le monde du théâtre et de la culture, la chose est évidente. Il y aurait de nombreux cas prêts à être rendus publics. Aujourd’hui, les logiciels anti-plagiat sont légion. Le statut de l’enseignant-chercheur promet des sanctions lourdes, mais jusqu’à présent, aucun universitaire n’a été poursuivi pour ce grave délit de corruption aussi condamnable que les cas de détournement à la SONATRACH, l’autoroute Est-Ouest ou le secteur de la culture. Certes, à l’université de Khenchela, on a dégradé des enseignants plagiaires. Ce n’est que de la poudre aux yeux ! A Constantine, on n’a, pour le moment rien fait.
Dénonçons cette forfaiture qui est devenue un véritable sport national. Il y va de l’avenir du pays et de sa sécurité nationale mise à mal par ce type de pratiques extrêmement graves reflétant l’état lamentable de nos établissements d’enseignement supérieur.

A l’université, les gens sont au courant de qui a plagié qui et savent que l’impunité touche cette catégorie d’universitaires, tous grades confondus (professeurs, maîtres de conférences, maîtres-assistants). Ce serait intéressant de relire tous les mémoires et les thèses et de les vérifier au moyen des logiciels anti-plagiat. Il y aurait d’énormes surprises. A quoi sert la commission d’éthique du ministère de l’enseignement supérieur dirigée par Abdelhamid Aberkane ? Le statut de l’enseignant-chercheur considère le plagiat comme une faute du quatrième degré, mais ce texte reste encore non appliqué. D’ailleurs, les textes d’application ne sont pas encore élaborés alors que le décret portant statut de l’enseignant chercheur date de mai 2008. Des enseignants reprennent tout simplement des cours directement d’Internet, sans citer la source. La chose est simple. Les « conseils scientifiques » n’ont, dans de nombreux cas, de « scientifique » que le nom, expression de l’absence tragique des universités algériennes dans les classements internationaux.

Des cas de plagiat sont rendus publics ici et là, ces derniers temps : à Sidi Bel Abbès, trois professeurs de chimie, ont reproduit des articles tirés d’une revue marocaine. Dans d’autres universités, des enseignants de physique, de littérature, droit, sciences sociales ont aussi joué au jeu du plagiat. Une affaire non encore élucidée au ministère de l’enseignement supérieur pose problème. Des universitaires de Annaba, Tlemcen, Constantine, Alger et ailleurs se sont nourris illicitement de cette reproduction facile et confortable des travaux des autres. Des institutions universitaires et des centres de recherche étrangers ont, à plusieurs reprises, alerté sur ce mal qui ronge les universités étrangères. Aujourd’hui, un lobby du plagiat semble avoir pris forme dans nos universités, empêchant tout examen ou sanction contre ces pratiques. Cette banalisation du mal est l’expression de la grave déliquescence des espaces universitaires algériens et de la mauvaise gestion d’une université fermée à tout mode de fonctionnement démocratique fondé sur le mode électif comme c’est le cas des universités étrangères sérieuses. Le plagiat devrait être considéré comme un crime devant mener son auteur à l’exclusion de l’université et au retrait des diplômes. Si on faisait le ménage à l’université, en partant de cette question éthique et de cette pratique délinquante, de nombreux enseignants seraient invités à quitter les lieux. Qu’on s’entende, contrairement à ce que font circuler certaines personnes, il n’y a pas de seuil de tolérance pour le plagiat. On a même donné des taux. Grave !
JURYS ET QUALIFICATION : Mais tant que la transparence est absente, les choses resteront en l’état, d’autant plus que les jurys de complaisance sont légion, sans compter cette prime de 100000 dinars accordée à tout enseignant faisant soutenir son étudiant en thèse de doctorat en moins de quatre-cinq ans qui favorise cette pratique. Il faudrait repenser profondément les conditions de soutenance et le choix des membres des différents jurys. Comme cette triste réalité d’accepter des thèses réduites à un simple travail de compilation, c’est-à-dire poussant à l’élaboration de « thèse de thèses », la négation même du doctorat. Cette manière de faire est surtout présente en lettres et langues et dans les sciences sociales où sévit une manière de faire désormais systématique, scindant la thèse en deux partie, « théorique » (tout simplement une simple synthèse) et pratique. Est-il normal de soutenir une thèse en « civilisation anglaise » ou américaine ? Tragique.
Il serait temps qu’on pense à mettre en œuvre un listing des professeurs et des maîtres de conférences avec leurs qualifications et ne pas continuer à user du schéma traditionnel, trop anarchique et trop peu opératoire. Est-il normal qu’on continue à avoir recours à des spécialistes d’autres langues ou des enseignants de rang magistral non qualifiés (au niveau de la spécialité) pour expertiser des « habilitations » ou des linguistes pour faire partie d’un jury de didactique ? Ce qui n’est nullement normal. La didactique n’est ni la linguistique ni la littérature. La sociologie n’est pas la communication, celle-ci n’est pas l’histoire, ni la psychologie. Chaque discipline a ses propres prérogatives et ses espaces épistémologiques. Cette confusion des genres est symptomatique d’un manque de sérieux sur le plan scientifique. Nous devrions refuser d’accepter de faire partie de jurys ou d’instances d’expertise quand le sujet est étranger à nos compétences. Certains enseignants touchent à tout. Les « conseils scientifiques » acceptent ce type de choses.

Par:A.Cheniki